Un lycéen parisien en Résistance
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1912 - 1940
{ Paris }
Désobéissant
Il peut arriver que les conséquences d’un événement transforment un simple fait de désobéissance en un acte symbolique de Résistance. L’exemple tragique de Jacques Bonsergent en témoigne.
Il est 21 heures, le 10 novembre 1940, lorsque le jeune homme de 28 ans, ancien étudiant de l’Ecole nationale supérieure d’Arts et Métiers, se retrouve mêlé à une échauffourée dont il n’est pas l’instigateur mais dont il paiera les conséquences. Ce soir-là, Jacques Bonsergent et ses amis fêtent le mariage de deux des leurs. A la hauteur du café Mollard, gare Saint-Lazare, ils croisent un sous-officier allemand ivre qui tente de prendre par la taille la jeune mariée. Son époux, ulcéré, assène un coup de poing au soldat qui chute à terre. Jacques Bonsergent s’interpose, dit à ses amis de se disperser, aide l’allemand à se relever et reprend son chemin.
Place de la Trinité il est rattrapé, frappé et arrêté. Jacques est ensuite transféré à la prison du Cherche-Midi où les interrogatoires s’enchainent. Les Allemands veulent le nom de l’agresseur, mais Bonsergent reste inflexible.
Le 5 décembre il est condamné à mort. En l’apprenant, il écrit une lettre à ses camarades de promotion, les « Gad’zarts », comme s’appellent entre-eux les élèves des Arts et Métiers.
Il est fusillé le 23 décembre au fort de Vincennes après avoir une dernière fois répondu à l’abbé Stock qui, l’accompagnant au poteau d’exécution lui donne une ultime chance de donner le nom de son ami responsable du pugilat, « je ne dirai pas de nom, vous trouveriez moyen de mettre un visage dessus ».
Ce 23 décembre 1940, les Parisiens découvrent pour la première fois une affiche annonçant l’exécution d’un opposant à l’Occupation.