résister sans armes
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La déclaration de guerre contre l'Allemagne s'accompagne d'un plan de prise en charge des habitants du Nord-Est de la France exposés directement aux combats. Le 9 septembre 1939 correspond à une première vague d'évacuation qui voit des dizaines de milliers d'Alsaciens et de Lorrains prendre la direction du centre et du sud-ouest de la France (Indre, Haute Vienne, Bassin aquitain). Arrivés dans leur département refuge, ces exilés sont parois confrontés à la méfiance des populations locales. Une méfiance qui s’exprime pleinement lorsqu’Alsaciens et Lorrains se voient appelés familièrement « les yaya » et souvent traités de « boches ». Malgré certaines incompréhensions liées à des différences de mentalités, de modes de vie, de pratiques religieuses et surtout de langue, la majorité de la population alsacienne et mosellane demeurant germanohone au quotidien, des liens durables se formeront.
Après la Belgique, le Luxembourg et les Pays-Bas, la France est agressée le 10 mai 1940. La progression rapide des troupes allemandes provoque un mouvement de panique dans toutes les régions du nord et de l'est. C'est l'exode.
Derrière ce terme qui empreinte à la terminologie biblique, se cache le cauchemar d'une population. La peur au ventre, les familles alsaciennes, lorraines et ardennaises quittent leur commune, laissant derrière elles le patrimoine d'une vie. Du jour au lendemain, elles doivent tout abandonner, dépendant d’autrui pour boire, manger, dormir, choisir un itinéraire ou encore pour enterrer leurs morts, victimes des bombardements, à la hâte dans un champ.
Avec l'entrée des troupes allemandes sur le territoire, commence l'Occupation. Or, l'occupation dans le Nord-Est prend une forme particulière. Dès sa visite à Strasbourg, le 28 juin 1940, Hitler manifeste son intention d'annexer l'Alsace et la Moselle au Reich. L'annexion est effective à la fin du mois de juillet. Si les réfugiés des territoires annexés sont encouragés à rentrer par les nazis, le reste de la Lorraine, les Ardennes, une partie de la Champagne-Ardenne et de la Franche-Comté sont déclarés « zones interdites ». Dans ces territoires destinés à l'installation de colons allemands, le retour des réfugiés de 1939-1940 est simplement prohibé.